Faire cohabiter les générations

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Faire cohabiter les générations !
Art Rock, les 6, 7 et 8 juin, va, comme chaque année, réunir un public éclectique. Échange avec sa programmatrice, Alice Boinet, sur l’art de concocter une affiche qui séduise tous les âges.

Votre enquête de fréquentation a révélé, l’an dernier, que le public d’Art Rock était constitué essentiellement de quadras et de quinquas.

On arrive à la 42e édition. On peut dire qu’Art Rock est un "vieux" festival avec un public de vrais fidèles. C’est une richesse incroyable, mais c’est aussi un poids car il faut être à la hauteur à chaque édition.

Il faut attirer un public plus jeune pour pérenniser le festival. Comment faites-vous pour relever le challenge ?

J’écoute de tout, je suis sur les réseaux sociaux… Mais un phénomène Tik Tok ne fait pas forcément un artiste de scène, tout comme un bon album ne garantit pas un bon live. Je fais donc beaucoup de concert. Et cette année, par exemple, on ne se prive pas d’inviter Theodora. Je l’ai découverte aux inouïs du Printemps de Bourges avant qu’elle explose sur les réseaux sociaux avec "Kongolese sous BBL". Vous allez voir, elle a plein d’autres choses à dévoiler que ce morceau.

Comment conciliez-vous les publics dans votre programmation ?

J’essaie de créer des passerelles. Quand je propose La Mano 1.9 scène B, qui capte un public très jeune, je programme Zamdane sur la grande scène. C’est cohérent et tous les âges peuvent s’y retrouver.
Et cette année, par exemple, on a le plaisir de recevoir Texas. C’est typiquement un groupe qui va attirer des 40-50 ans, mais je suis sûre que ça va parler à des 20-30 ans. Je n’ai jamais écouté un album de Texas et pourtant, quand je les ai vus à Arles, je connaissais la plupart des chansons. Le groupe a assuré. Ça va être hyper familial.

Avez-vous peur du "ratage" ?

Ça va être ma 10e édition en tant que programmatrice et je commence à bien capter ce qui séduit nos publics, notamment les jeunes. Après, c’est un festival. J’accepte très bien que les festivalier.e.s n’aiment pas tout ce qu’on propose ! Et franchement, on a un public hyper bienveillant.

Comment analysez vous le manque d’intérêt des 20-25 ans pour les festivals ?

Avec le Covid et les confinements, ils ont loupé le coche des festivals auxquels on va, la première fois, avec ses parents ou ses grandes sœurs et grands frères. En plus, pendant quelque temps, les artistes ont proposé, en festival, des scènes diminuées par rapport à leurs concerts. Ça n’a pas aidé. Enfin, les ados sont difficiles à capter. Elles/ ils sont vraiment dans une communication en one to one et on prend le parti d’aller à leur rencontre plutôt que de faire appel à des influenceurs".