Anthony Marchand a grandi Pointe du Roselier, à Plérin, avec la baie pour panorama : une vue à 180 degrés sur la Manche, le port du Légué, Hillion et au loin, Pléneuf-Val André et l’îlot du Verdelet. Un cadre de vie de marin. Après s’être essayé au foot, au judo... « c’est grâce à l’école [qu’il] découvre, vers 9 ans, la voile et les sports nautiques », raconte le jeune trentenaire.
Ses parents l’inscrivent alors au centre nautique de Plérin où il navigue d’abord sur Optimist (de 10 à 15 ans), puis sur Laser. « J’ai eu une jeunesse très sportive et centrée sur la voile, le kitesurf... même si j’ai toujours pratiqué un sport co en parallèle. » Les virées en ville et les soirées festives briochines, il ne connaît pas. « Je n’étais pas du tout dans cet état d’esprit », confie Anthony Marchand.
À 18 ans, il intègre le Pôle France voile, à Brest. « Je passais une moitié de la semaine en cours – en bac pro mécanique au lycée Sacré-Cœur (Saint-Brieuc) – et l’autre, à Brest. » L’objectif : se préparer aux jeux Olympiques. Mais « au bout de 2 ans, j’ai arrêté l’olympisme. J’étais trop lourd pour être barreur... » Ses parents l’incitent à s’inscrire en Staps, à Saint-Brieuc. « Moi, j’avais envie de travailler sur des trimarans et j’ai dégoté un stage auprès d’Yvon Bourgnon. » "Sauvé", il largue les amarres pour La Trinité où il est préparateur de bateau. Du bricolage, beaucoup de navigation... Le travail lui sied à merveille et il l’exerce plus longtemps que prévu. Lors de son pot de fin de stage, il apprend que Sodebo, le trimaran de Thomas Coville, est en difficulté au large de la Trinité. « Avec un copain, on est allé lui porter secours », se souvient-il. Un sauvetage qui lui vaut d’intégrer l’équipe du skipper, lui aussi Plérinais.
En parallèle de son travail de préparateur, il achète un Mini 6.50 et se lance dans la course au large en participant à des régates en équipage et en solo. Avec Ronan Treussart, qu’il a rencontré au Légué, il découvre le circuit Figaro. « Il m’a emmené sur la Cap Istanbul et sur le Tour de Bretagne. »
En 2009, il remporte le challenge Espoir Région Bretagne. Un véritable sésame pour un jeune skipper. « En gagnant ce challenge, tu décroches un bateau, quatre ans de sponsoring, de salaire, de frais de fonctionnement... Tu arrives au centre d’entraînement de Port-la-Forêt (Finistère) où tu côtoies des Michel Desjoyaux, des Yann Eliès... Tu participes à toutes les courses au large... » D’excellentes conditions pour engranger de bons résultats comme le titre de premier bizut, lors de la Solitaire du Figaro, en 2010. Après ces quatre années, pour continuer en Figaro, il doit créer sa propre société, acheter un voilier et chercher un sponsor qu’il trouve... « par hasard, à un mariage ». « Le jour même, Michel Desjoyaux m’appelait pour participer avec lui à la Volvo Ocean Race. » Anthony Marchand enchaîne alors une Solitaire du Figaro et un tour du monde en équipage. « Une sacrée expérience que j’aimerais revivre, confie le marin qui préfère pourtant naviguer en solo. En équipage, chacun a son poste et y reste. Moi, j’aime tout faire : manœuvrer, définir ma tactique, choisir ma trajectoire, analyser la météo... ».
Fin août 2020, Anthony Marchand participe à sa 10e Solitaire du Figaro au départ de Saint-Quay-Portrieux pour finir sur la 3ème marche du podium. Déjà en 2018, la course avait fait escale au Légué et l’enfant du pays avait remporté – « que d’émotions » – la première étape qui reliait Le Havre à la baie de Saint-Brieuc. « Pour ma part, être de la baie n’est pas vraiment un atout. Durant mes premières années de voile, je ne naviguais qu’en bord de plage. Je ne me suis mis à la course au large que plus tard. Je connais donc mal les recoins de la baie de Saint-Brieuc que je n’apprécie pas moins pour autant. » Fidèle à la Figaro, Anthony Marchand rêve de lui faire une infidélité pour se lancer, dans le Vendée Globe, la seule course à la voile autour du monde, en solitaire, sans escale et sans assistance. Anthony Marchand a remporté le Spi Ouest-France Banque Populaire Grand Ouest en Mach 6.50 avec Actual, l'année 2022 s'annonce chargée (Drheam Cup, Cowes – Dinard, le tour de l‘île de Wight, des stages à Port-la-Forêt).